Venir une dernière fois pour convoquer ces personnages, à qui nous avions redonné vie Marie Desplechin, Thierry Thieû Niang et moi-même, il y a déjà un certain temps. Puis les laisser s’envoler définitivement pour le pays imaginaire et se taire.
Revenir pour donner des nouvelles de cette drôle de communauté née de la pérégrination d’aïeuls et parents appartenant au monde des invisibles. Des héros du quotidien qui ont traversé des aventures banales et extraordinaires, des êtres simples mais capables de croire aux fées, aux sorcières, aux anges.
Leur redonner la possibilité d’expliquer enfin comment ils m’ont offert malgré eux l’opportunité de raconter une fable magique. Leur dire au revoir en espérant laisser le souvenir aux spectateurs d’un héritage complexe, parfois drôle et fou, parfois un peu dur mais qui reflète la vie des femmes et des hommes qui laissent à leurs descendants des pépites d’or et des bouts de charbon.
Célébrer avec une lucidité joyeuse la vie, leurs vies, donner avec une humilité souriante quelques indices afin de rassurer ceux qui se sentent entravés par des histoires de famille encombrantes.
Mais avant tout, continuer ce chemin de femme et de comédienne qu’ils m’ont aidé volontairement ou involontairement à tracer.
Ariane Ascaride